Rencontre avec l'écrivain Marc Alpozzo
Bonjour Marc, comment allez-vous ?
Merci, je vais très bien
Le livre qui vous a le plus marqué dans votre enfance ?
Je pense que c’est Le Procès-verbal de Le Clézio, dans mon enfance je me voyais comme cet homme errant, et solitaire, en marge d’une société qu’il ne comprend pas bien, à la recherche d’une vérité et d’un sens caché.
L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire ?
Je ne saurais pas dire exactement, l’écriture est venue très tôt dans ma vie, vers mes sept ans, je n’ai pas tout de suite compris, mais j’imagine que c’est la fracture creusée par mon départ d’Amérique.
L’écrivain qui vous inspire pour écrire des livres ?
J’en ai plusieurs, mais je dirai avant tout Jack Kerouac. J’aime beaucoup cette liberté mystique, cette fascination pour la route, et l’ailleurs. Je suis quelqu’un qui regarde beaucoup ailleurs, qui tient difficilement en place.
La valeur sûre au niveau littéraire actuellement ?
Je ne connais pas beaucoup la production actuelle, et je ne lis guère les auteurs à la mode. Je suis plutôt tourné vers le passé. Mais j’ai un faible pour les livres de Philipe Jaccottet, ceux de Charles Juliet, Pascal Quignard, Jim Harrison, Milan Kundera, j’aime également Malika Mokkedem pour son travail sur les nomades du désert, et je pense aussi à Maryline Desbiolles, et son fin travail de la langue.
Les premiers fans de Marc Alpozzo ?
Y en a-t-il au moins ? Je ne sais pas, je ne recherche pas de fans, mais des lecteurs. Avec un livre on va vers les autres, on communique, on transmet. C’est ainsi que je reçois les livres des auteurs qui m’ont touché, en tout cas…
Le livre qui vous a ému, vous a mis une claque ?
Vous me posez une question difficile parce qu’il y en a eu quelques-uns, je veux dire une bonne dizaine depuis que je lis, mais j’ai une préférence particulière pour Istanbul d’Oran Pamuk et Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos.
L’écrivain que vous rêvez de rencontrer ?
J’aurais aimé rencontrer Françoise Sagan, mais c’est désormais trop tard. Je dirai Philippe Djian, dont les premiers livres ont façonné mon écriture, et mon regard sur la littérature. Je l’ai vu une seule fois, à Avignon, il était avec le chanteur Stéphane Eicher, on aurait dit un ours, il avait ce regard très lucide et désenchanté, qu’on retrouve dans ses romans.
Frank Thilliez, Charles Baudelaire ou Marc Lévy ?
Vous me posez une colle, j’adore Charles Baudelaire, je me sens en phase avec son œuvre, mais il se trouve que j’ai été le tout premier éditeur de Franck Thilliez, bien avant Le Passage et Fleuve noir, et que je garde beaucoup d’affection et d’amitiés, d’abord pour l’homme, et ensuite pour l’œuvre, que j’ai vue se construire pas à pas depuis 2001. Marc Lévy en revanche me laisse totalement indifférent…
La recette du bonheur de Marc ?
M’ouvrir à la beauté du monde… Conserver ma joie intérieure en toutes circonstances… Vivre auprès de ma famille, et des écrivains que j’aime… Je trouve le terme de « recette » fautif, car je crois qu’il n’y a pas de recette du bonheur, c’est une affaire personnelle, mais s’écouter, et suivre ses aspirations profondes, c’est ce que j’ai trouvé de mieux en termes de recherche du bonheur…
Si je vous dis : l’écriture est le seul véritable espace de liberté, vous me dites ?
Je vous dis, c’est faux ! Bien sûr ! Il y a une infinité d’espaces de liberté, commencez par chercher en vous, vous verrez !
Le sujet que vous allez traiter dans votre prochain livre ?
Mon prochain livre sort dans quelques jours, et il s’intitule Le Saut Nijinsky. Journal d’un éveil. Ce sont mes carnets de voyages et de thérapie. J’y raconte comment j’ai vaincu la depression en retournant sur ma terre natale, aux Etats-Unis, en 2012. C’est un journal intime, mais c’est aussi le récit d’une depression et d’une resilience, que les éditions Regard & Voir publient dans leur catalogue ce mois-ci.
3 voeux à réaliser :
Je vous répondrai par cette phrase de Kazantzaki : “Je n’espère rien, je ne crains rien, je suis libre”.
Marc Alpozzo merci beaucoup et belle continuation.
Merci à vous !
Crédit photo : Sylvia Gomes
Nouveauté :
Le Saut Nijinsky. Journal d'un éveil, Regard & Voir, novembre 2015
Autres publications :
Seuls. Eloge de la rencontre, Les Belles Lettres, 2014.
La Part de l’ombre. Chroniques littéraires et philosophiques, Marie Delarbre, 2015.