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Rencontre avec Jérôme Coudanne, membre du duo VERTIGE

Bonjour Jérôme, comment allez-vous ?

Ça va pas mal, merci !

Parlez-nous de ce nouvel EP, Bipolaire, pourquoi l’avoir intitulé ainsi ?

Je l’ai appelé Bipolaire parce qu’on retrouve cette notion de bipolarité un peu partout dans Vertige. D’abord, parce que les musiques de Vertige ont été composées en duo. Ensuite parce qu’elles l’ont été entre Brighton et Barcelone. Enfin, parce que les paroles tournent souvent autour de l'idée de bipolarité : Riches/Pauvres, souterrain/en surface. Et puis, Bipolaire rime avec Populaire qui sera le titre de l’album. “Vertige populaire”, “vertige bipolaire”, l’association de ces mots nous paraît cohérente et semble parler de l’époque que nous vivons.

 Est-ce qu’à vos yeux, le monde est devenu bipolaire ?

En tous les cas, depuis quelques temps, le discours nuancé n’est pas le discours dominant. Aujourd’hui, être nuancé c’est être inaudible, c’est dommage ! Robin et moi avons assisté à la division des pays dans lesquels nous vivions, lui en Angleterre, moi en Espagne. Dans les deux cas, il a fallu choisir son camp :  brexiter ou remainer, indépendantiste ou unioniste. Moi qui suis un banlieusard de la classe moyenne, j’ai toujours vécu entre deux mondes : celui de la campagne et celui de la ville, celui des pauvres et celui des riches. Alors quand on me demande de choisir entre deux camps, j’ai souvent l’impression de faire partie du troisième, celui qui n’est pas mentionné. En tous les cas, je suis toujours méfiant face aux politiciens adeptes de l’hyperbole et de l'emphase qui tentent de me convaincre qu'il n’y a que deux choix possibles à disposition : pour ou contre. Des solutions trop simples dans un monde si complexe, je trouve toujours ça suspect.

 Je suis vraiment désolée de vous poser la question mais travailler avec Robin Félix (j’avoue j’adore son groupe) c’est la classe ou pas ?

Ah ah ah !  Disons plutôt que j’ai beaucoup aimé la manière dont on a composé ces morceaux. C’était exaltant ! On a plongé dans une sorte de vertige créatif. On a composé cet album à distance, en moins de deux mois, sans répit, lui à Brighton, moi à Barcelone. Robin m’envoyait ses basses/batteries, j’y ajoutais des mélodies de voix et des paroles. Lorsque je ne trouvais rien de valable sur ses propositions, je lui envoyais à mon tour mes compositions de clavier/batterie. Ainsi, l’un comme l’autre, avions en permanence une idée de chanson sur laquelle travailler. Néanmoins, la basse devait être le point d’appui principale de la voix, j’attendais donc toujours qu’il la compose pour poser une voix. Dans ce processus créatif, on a surtout souhaité privilégier la spontanéité et l’écriture automatique. C'était vraiment super ! Le matin on recevait ce que l’autre avait composé pendant la nuit, on avait l’impression que rien ne pouvait arrêter notre créativité.

 D’où est née ce duo Vertige et pourquoi cette collaboration avec Robin ?

Robin et moi nous sommes rencontrés en 2004 ou 2005, je crois. Avec Déportivo, on faisait les premières parties de Louise Attaque. Depuis on est toujours restés en contact. Il y a quelques temps, je suis allé lui rendre visite à Brighton. Il m’a fait écouter des enregistrements qu’il avait fait après la dernière tournée de Louise Attaque, avec Nicolas Musset à la batterie. J’ai trouvé ça très cool, inspirant. Je lui ai dit. À mon retour, j’ai reçu un mail de sa part avec tous ses enregistrements. J’ai tout de suite commencé à chercher des paroles et des mélodies. Voilà comment ça a commencé.

 Qui a l’inspiration pour la composition des textes ?

C’est moi qui écris les textes et qui trouve les mélodies voix. J’ai toujours fait ça, tant dans Déportivo que dans Navarre.

Franchement quand j’écoute votre EP, juste incroyable, y a un message que vous voulez faire passer à travers vos textes, non ?

Les textes de l’album ont presque tous un lien avec l’idée de foule. Ça parle du fait que la foule a le pouvoir de nous déposséder de nous-même, qu’elle est aliénante. Je me suis intéressé à ça, ces dernières années. J’ai pris des notes presque journalistiques sur le comportement des gens que je voyais dans la rue durant les manifestations en Catalogne, à la télé ou sur internet. J’ai aussi lu “psychologie des foules” de Gustave Lebon, qui est une sorte de manuel pratique dans lequel Lebon explique comment manipuler une foule. Ce que j’ai toujours trouvé drôle, c’est que le mot “foule” se prononce de la même manière que le mot anglais “fool”, qui signifie Idiot.

 Petite question perso : est-ce que vous trouvez que Deportivo et Louise Attaque se ressemblent musicalement parlant, ou pas ?

J’ai appris à écrire des chansons en écoutant Miossec, Nirvana, Manu Chao et Louise Attaque. Par conséquent, il y a certainement un lien de parenté.

 Qui a l’inspiration pour la composition de la musique de VERTIGE ?

Nous avons tous les deux composés les musique de l’album. Au Départ, Robin avait des compositions de basses/batteries qui nous ont indiqué le chemin à suivre. Puis au fil du temps, je me suis mis à mon tour à composer des claviers/batteries et Robin y ajoutait sa basse. Des chansons comme Bassonica, Zorro ou Matinée sont nées des compositions de basses de Robin. D’autres, comme Acide, Conduire ou Glace ont pour origines mes compositions.

 Quelles sont vos influences musicales ?

En écoutant les chansons de Vertige, j’ai l’impression que c’est un mélange de toutes nos expériences passées, de Louise Attaque et de Déportivo, mais aussi de Navarre et de Poney Express. On souhaitait surtout associer nos deux mondes : la pluie anglaise au soleil espagnol, Joy Division à Manu Chao. Ce qui était intéressant, c’était de confronter nos personnalités au travers de la composition de chansons. Par exemple, je suis un gars plutôt en colère, Robin est plutôt mélancholique. On retrouve une nouvelle fois l’idée de bipolarité. Robin et moi avons quelques points communs mais aussi pas mal de différences et pourtant on a très facilement trouvé le terrain de jeu sur lequel on souhaitait que Vertige évolue.

La plus belle chose qui vous soit arrivée dans votre vie d’artiste c’est quoi ?

Grâce à la musique, je ne suis pas devenu le mec frustré que je serai sans doute devenu. C’est le danger qui guette ceux qui attendent beaucoup de la vie. Je redoutais ça depuis l’adolescence. La frustration est un voile qui fausse ta vision du monde et tes pensées, c’est la peste. Elle te fait passer à côté de celui que tu es vraiment.  La musique m’a offert une jeunesse parfaite ! Elle m’a permis de mener une vie pleine de surprises, à la fois douce et trépidante.

La rencontre de rêve, une première partie de rêve serait laquelle ?

Avec Vertige, nous devions jouer en première partie de Dionysos et de Lou Douillon en Avril, mais à cause de la crise sanitaire ça a été reporté à cet automne. L’idée d’ouvrir pour Dionysos et de les retrouver me rend très content.

Deux dernières questions à vous poser : Le bonheur il est où quand comment et avec qui ?

Il y a plusieurs options possibles mais disons que je suis très heureux quand je me retrouve pendant quelques jours avec Alexandre Maillard (Charlie Winston, Hollysiz) et Cédric Le Roux (Saez, Lou Douillon, Lescop), dans une maison de Provence. On cuisine, on mange et on boit beaucoup. On joue de la musique et on fait des balades à vélo. C’est une des sérieuses options de bonheur à ma disposition.

Qu’est-ce que je peux vous souhaiter aujourd’hui pour demain ?

De pouvoir refaire des concerts rapidement

Un grand merci pour cette interview Jérôme et je vous souhaite une très belle continuation musicale et salutation à Robin 

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