"La ruée vers l'ombre" d'Arthur Billerey
Bonjour Arthur comment ça va ?
Comme un poisson dans l’eau.
Alors Morges c’était comment ?
Le salon du livre sur les quais est toujours un beau moment. C’est la conjugaison du lieu et de la rencontre. Les tentes blanches sont dressées devant le Léman et ses grosses pierres. Elle sont proches du parc de l’Indépendance, de ses ombres épaisses, de la grand rue pavée de Morges aux nombreux bars et aux terrasses larges. Dans ce lieu pittoresque, il y a la possibilité d'une rencontre humaine et littéraire, avec des écrivains de Suisse, de France, du monde aussi, avec chaque année les écrivains du pays invité.
Parlez-nous de votre recueil de poèmes, comment est-il né, son histoire etc … ? Quel est l'élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire CE recueil de poèmes ?
Il est né de ce que j’écris au jour le jour. Avec le temps, il s’est imposé. L’élément déclencheur, c’est que pour ce recueil, j’ai eu l’envie de croiser deux thèmes qui m’intéressent pour plusieurs raisons : l’ombre et le réchauffement climatique. Je me suis dit que, lorsque le soleil nous brûlera tous, jusque sous les coutures, il n’y aura que l’ombre sous laquelle se reposer, et rêver. Après, l’ombre salvatrice n’est pas la seule, dans La ruée vers l’ombre. La polysémie des mots mène au déguisement et j’ai travesti l’ombre. L’ombre d’un poème n’est pas la même que l’ombre d’un autre. Pour la première fois aussi, à côté, je me suis mis à lire un tas de livres en lien avec ces deux thèmes. Ils ont accompagné l’écriture. Je pense par exemple à Éloge de l’ombre de Jun'ichirō Tanizaki ou Le réchauffement climatique de Robert Kandel.
Quels sont vos poètes préférés ?
Wisława Szymborska, Jean-Claude Pirotte, Paul Eluard, Andrée Chedid, Aragon, Pierre Reverdy, Liliane Wouters, Apollinaire, Léon-Paul Fargue, Laurence Verrey, Jean Sénac, etc.
Votre poème préféré ?
Chantre
Et l’unique cordeau des trompettes marines
Guillaume Apollinaire
Vous dans le domaine du suspense ça l’aurait fait ou pas ?
Non, pas dans le suspense ni le polar, je suis plus intrigué par le roman psychologique et j’écris quelque chose qui s’inspire de La métamorphose de Kafka. Je ne peux malheureusement pas en dire plus, car j’écris et je pense après.
On imagine un recueil de poèmes à 4 mains. Avec qui vous serez tenté de l’écrire ?
Avec Vincent Gilloz, mon voisin, nous venons de boucler un recueil écrit à quatre mains, dont vous pouvez lire quelque poèmes parus dans Le Courrier : https://lecourrier.ch/2023/10/01/ici-on-ne-veut-plus-gagner/
Le premier recueil de poèmes que vous ayez lu ?
Les fleurs du mal.
Le prochain livre d’Arthur Billerey il ressemblera à quoi ?
Il ressemblera au monde qui s’écrit.
Arthur je vous laisse le mot de la fin.
Je donne le mot de la fin à Aragon : « La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l’embue. »
A noter qu' Arthur Billerey a reçu le Prix Rimbaud pour cet ouvrage