Image d'entête de l'article

La nature en plein coeur de Benoît Aymon

 

Bonjour Benoît comment allez-vous ?

 

Je profite de la pluie … On ne voit rien derrière la barre de nuages qui me bouche l’horizon, laissant libre cours à l’imagination. Beau programme…

 

Vous en 4 mots …

 

Jeune grand-père comblé… ça fait quatre mots, non ?

 

Parlez-nous de votre livre « Cervin Absolu »

 

On a tout dit et tout écrit sur le Cervin. Sauf sur le (fichu) caractère d’Edward Whymper. Et ne sont-ce pas les femmes qui parlent le mieux du caractère des hommes ?

« Cervin Absolu » est donc un monde d’hommes raconté par des femmes. C’est une hallucinante course contre la montre, la fin d’une époque charnière dans l’histoire de ce pays.

 

Le livre qui vous a le plus marqué dans votre enfance …

 

« Premier de Cordée » de Roger Frison-Roche. J’ai découvert que la lecture faisait monter en moi des images. Un monde d’images et de montagne. De quoi susciter une vocation.

 

L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire …

 

J’adore lire et j’ai beaucoup de respect pour les (vrais) écrivains. A mettre bien sûr également au féminin. Curieusement, j’ai une majorité de femmes auteures dans ma bibliothèque ! J’ai donc longuement hésité avant de me lancer. D’abord avec des livres en marge de mon métier ( « Regards en coin », « Arrêt sur image », « Patrouille des Glaciers, une légende alpine »), puis enfin le « Cervin Absolu » qui est un roman historique. Sans doute en lien avec mes études universitaires, puisque j’ai fait l’Histoire à Genève. Et puis l’occasion fait le larron : on fêtait en 2015, le 150ème anniversaire de sa première ascension.

 

 

L’écrivain ou l’élément qui vous inspire pour écrire des livres

 

Nicolas Bouvier, bien sûr. C’est encore et toujours mon maître à rêver. Mais il y en a tant d’autres ; Maylis de Kerengal ou Jean Echenoz, pour ne citer que deux exemples. Je suis en train de lire « Syngué Sabour » de Atiq Rahimi. Sublime !

 

 

Dans tous les livres que vous avez écrits, lequel selon vous est le plus réussi ? Celui dont vous êtes le plus fier ?

 

Je n’ai aucune « fierté » à écrire ces livres. Mon plaisir, c’est le retour des lecteurs ou lectrices, lesquels tissent un lien que je n’avais pas soupçonné. Un livre vous échappe, c’est la magie du livre…

 

La valeur sûre au niveau littéraire actuellement

 

A défaut d’être – déjà – une valeur sûre, c’est en tout cas un immense talent : Elisa Shua Dusapin qui vient de publier chez Zoé « Hiver à Sokcho ». Cette franco-coréenne qui vit en Suisse n’a que 27 ans. Une maturité impressionnante, une écriture précise, un talent fou.

 

 

Le livre que vous avez détesté lire pendant votre adolescence …

 

« Les pensées » de Pascal. Je n’y ai littéralement rien compris. Mais quel plaisir de le redécouvrir à l’Uni !

 

 

L’écrivain que vous rêvez de rencontrer

 

J’ai eu la chance de connaître Nicolas Bouvier à la fin de sa vie. Il nous manque et je paierais cher pour reboire un verre de rouge avec lui…

 

 

Michel Bussi, Harlan Coben, ou Marcel Pagnol ?

 

Pagnol, je ne suis pas « polar » ! Et je garde mes distances avec ces écrivains à succès qui, sous la pression de leur éditeur, produisent en septembre une oeuvre avec la régularité d’un métronome. Voilà longtemps que je ne lis plus les Nothomb ou Foenkinos… Ces jeunes ont du talent, mais ils me donnent parfois l’impression de le gaspiller.

 

Vous êtes Co créateur et coproducteur de Passe-moi les jumelles, pourquoi avoir imaginer ce genre d’émission et pas une émission musicale par exemple ?

 

J’adore la musique, mais ce sera sans doute pour une autre vie! “Passe-Moi les Jumelles” occupe une niche, une bouffée d’oxygène dans ce monde de brutes…

 

J’ai cru comprendre que vous entreteniez une vraie histoire d’amour avec le Cervin J Qu’est-ce qu’il a de si particulier ce sommet ?

 

Bâtie sur des bases étonnament fragiles, la Suisse est constamment en quête d’identité. Le Cervin catalyse ce sentiment d’appartenir à quelque chose de commun. Le Tessinois, le Bâlois et le Genevois se reconnaissent dans le Cervin… Sans oublier – soyons chauvin – que c’est la plus belle montagne du monde !

 

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

 

Je pense à mes enfants. J’aimerais leur laisser une Suisse plus solidaire. Quand je vois de jeunes politiciens aux dents longues s’attaquer aux services publics (au pluriel), ils ne se rendent pas comptent qu’ils sapent les fondements-mêmes de ce beau pays. Et c’est la Suisse romande qui en fera prioritairement les frais. Regardez les fossoyeurs (alémanique) de la presse (romande)… Les nuages s’accumulent à l’horizon, mais ces nuages-là, contrairement à ce que je vous disais au début de cet entretien, je ne les aime pas… Une réaction citoyenne s’impose !

 

 

Merci beaucoup Benoît d’avoir répondu à mes questions et belle continuation dans votre carrière.

 

Crédit photo : RTS/Christin Philippe

 

 

Partager: