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« L’impasse des bons enfants » de Florian Sägesser

Bonjour Florian et bonne année ! Parlez-nous de votre nouvel ouvrage, quelle est son histoire ? 

Bonjour, et bonne année à vous aussi !

« L’impasse des bons enfants » (Editions BSN Press), c’est l’histoire de quatre personnages dont les destins vont se croiser. Il y a Vincent, père célibataire qui jongle entre son travail d’infirmier et sa fille ; il se bat aussi pour accepter son image puisqu’il a une oreille mutilée. Il y a Huguette qui lutte pour sa survie après une mauvaise chute. Boucher à la retraite, Albert, lui, recherche la femme qu’il aime et espère également renouer le lien avec son fils. Tristan, pour sa part, souhaite prendre une revanche sur la vie et triompher aux prochaines élections communales. Dans ce livre, j’épouse le point de vue de gens ordinaires, mais de générations différentes, qui sont en quelque sorte tous dans une impasse, pris en tenaille entre des regrets et des rêves abandonnés, mis à l’épreuve du quotidien. Ce roman interroge le poids du passé et des occasions manquées, le présent qui peut enfermer, ainsi que le besoin de laisser une trace.

 

Où avez-vous trouvé l’inspiration pour ce livre ? 

Je me suis inspiré de souvenirs, vécus ou recrées, de quelques événements qui ont donné naissance à la biographie de certains personnages – je pense ici notamment à Huguette. Il y aussi une bonne dose d’observation, j’aime décrypter la nature humaine. À cela s’ajoute l’imagination. Tous ces éléments composent la fiction. 

 

Qu’a-t-il de plus ce livre comparé aux autres ? 

À chaque livre je suis plus exigeant avec moi-même, tant dans le fond que dans la forme. Le style est plus affirmé, c’est une quête permanente et j’ai l’impression d’explorer et de progresser sans cesse.

 

Un souvenir marquant du premier livre que vous avez écrit ? 

Le tout premier coup de fil de mon éditeur pour m’annoncer qu’il avait retenu mon manuscrit (« Point de suture », Olivier Morattel Editeur, 2016). C’était un moment particulièrement intense. Ce type d’annonce l’est toujours.

 

Imaginons un livre à quatre mains, les vôtres et celles de … ? 

Je ne me suis jamais posé cette question. L’écriture est, pour moi, avant tout un chemin personnel et solitaire. Pour écrire un livre à quatre mains, il faudrait que je me sente proche de l’autre personne, car l’écriture est une mise à nu, même s’il s’agit de fiction. Je peine à vous répondre. J’ai tendance à marcher à l’opportunité, que je décide de saisir ou non lorsqu’elle se présente.

 

Le livre qui vous a marqué en tant que jeune écrivain ? 

J’en citerai trois qui sont autant de jalons dans le chemin que j’ai parcouru et qui ont forgé mon rapport à la littérature : « L’île au trésor », de Robert Louis Stevenson, que j’ai dévoré à l’âge de 12 ou 13 ans. Depuis cette aventure, le virus de la lecture compulsive ne m’a plus jamais quitté. Puis quelques années plus tard, j’ai découvert Romain Gary avec son « Chien blanc ». Et Milan Kundera, « La plaisanterie », avant de lire toute son œuvre pour apprécier et saisir à travers cet auteur majeur l’art du roman.

 

« L’impasse des bon enfants » est réel ou fictif ?

C’est une fiction, bien que la vraisemblance s’avère primordiale : les personnages doivent sonner vrai pour que le contrat de lecture avec les lectrices et les lecteurs ne soit pas rompu, que les personnes qui lisent ce roman puissent être touchées ou, peut-être, se reconnaître au travers de l’une ou l’autre des situations auxquelles les personnages sont confrontés. Là était l’un des enjeux essentiels lors de l’écriture de « L’impasse des bons enfants ».

 

Sans l’écriture la vie serait … ? 

Plus triste, me concernant. L’écriture fait partie de mon équilibre, elle en est une composante essentielle. C’est une quête de sens, une manière de comprendre le monde, d’apprivoiser le quotidien, de le réenchanter également, je crois. Ce que l’encre imprime, c’est avant tout un regard. Le silence de la lecture et de l’écriture est une réponse au vacarme ambiant, à cette agitation permanente, mais aussi un moyen de se connecter aux autres de façon durable et profonde.

 

2024 sera une année sous le signe de… ? 

La littérature, encore et toujours. Des lectures, de l’écriture. J’ai des textes à peaufiner, à relire encore et encore, à corriger. D’autres à écrire, des histoires que je porte en moi. Des recherches à effectuer aussi. J’ai lancé des hameçons, il me faut pêcher les informations nécessaires à la construction de futurs romans. Et il y a ma pile à lire, je vais faire en sorte qu’elle diminue, même si je doute que je puisse y arriver (rires).

 

Le prochain bel ouvrage signé Florian Sägesser ressemblera à … ? 

Une histoire de famille et celle d’un lieu. Le récit s’articulera autour d’une vieille maison, celle de mon beau-père que ma compagne et moi avons acquise il y a un peu plus de deux ans. Cette bâtisse au milieu des pâturages du Jura vaudois renferme un riche passé, et le hameau dans lequel elle se trouve, sur les hauts de Sainte-Croix, à deux pas de la frontière, vit aujourd’hui une profonde mutation puisqu’on vient d’y ériger le premier parc éolien du canton. J’ai effectué un travail de mémoire pour en tirer un texte plein de force et de poésie. Raconter la pierre et la chair, cette pierre qui paraît quasi immuable et les êtres qui l’habitent ou l’ont habitée, qui s’en vont et viennent ; le temps qui semble s’écouler différemment là-haut ; le travail de la terre et le rapport au lieu – ce qui en émane autant que ce que l’on peut y injecter pour le rendre magique. Ce sera mon texte le plus personnel. 

 

Un grand merci Florian pour cet entretien et belle continuation littéraire.

Merci à vous !

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