
Jo Gilly
Bonjour Jo Gilly comment allez-vous ?
Plutôt bien. Je sors d'une carte blanche accordée par le Théâtre de la Plume à Montpellier. L'occasion de belles retrouvailles avec des amis musiciens de longue date, ainsi que ceux qui animent mes nouveaux projets…
Vous en 4 mots ça donne quoi ?
Entier.. sensible.. Bougon… et.. heureux (c'est nouveau, alors c'est notable..)
Quel est votre parcours professionnel ?
Disons que la musique, le besoin d'écrire et de faire de la scène me sont tombés dessus de manière inattendue. J'étais à la fac, en première année de sociologie à Paris, quand j'ai rencontré un type qui m'a joué une de ses compositions.. Je lui ai joué une de mes premières bafouilles du moment. On a eu un coup de foudre amical et artistique (alors que, franchement, nos textes étaient d'un niveau pathétique). Un mois après, on faisait notre première scène. C'était parti. 4 ans sur Paris avec le groupe Jamoko, puis je suis descendu sur Montpellier, ai monté 'Les Hommes s'entêtent', puis 'Soit dit en Passant', jusqu'à stopper le festif et me lancer à mon nom.
Quel est votre style de musique favori, celui dont vous ne pourriez vous en passer ?
La chanson.. besoin de sons qui font sens
On est d’accord pour dire que c’est la musique qui vous a choisi ou c’est l’inverse ?
Étrangement, c'est pas faux. Disons que je ne l'avais pas vu venir, et qu'en faire est devenu une nécessité, une évidence.
10 ans de carrière dans la chanson festive, pourquoi avoir voulu vous lancer en solo ?
Honnêtement, j'en avais marre. L'impression que je j'aurais pu chanter Tata.Yoyo que ç'aurait été pareil. Je voulais que les gens puissent prêter plus d'attention aux textes.. et du coup, changer de forme musicale et de public.
J’ai écouté vos titres, j’aime beaucoup sincèrement. J’ai souvent tendance à trouver des ressemblances avec des autres artistes mais alors là rien du tout. Vous êtes unique, un artiste singulier. L’inspiration pour les textes comment est-elle venue ?
Alors d'une, vous êtes bien la première à ne pas réussir à me référencer.. et c'est plutôt plaisant. On me rapproche souvent de groupes de la nouvelle scène (plus si neuf), comme les Têtes Raides, Karpatt. Ce doit être la voix grave.
Je ne sais pas d'où me vient l'inspiration. Ni pourquoi mes écrits prennent cette forme. Jamais su d'où venait ce besoin, et cette capacité à écrire de manière si structurée. Je suis obnubilé par le rythme, les pieds, les rimes, et tente, tant bien que mal, de me mettre à la prose. J'ai longtemps pensé que la prose était une arnaque littéraire. Une pensée bête, évidemment.
Est-ce qu’à un moment de votre carrière vous vous êtes dit : stop, reconversion totale je change de métier ou c’est vraiment la musique et rien que ça ?
Oui. J ai pensé arrêter. Par besoin d'argent. Puis pour rassurer la vieille garde et ceux qui s'inquiétaient de me voir galérer. On ne peut pas dire que la chanson française soit très lucrative, pour le moins. C'est un style et un mode de pensée d'un autre temps. Et l'anachronisme, c'est usant..
Mais la scène me manque si j'arrête trop longtemps. Plus que la musique elle-même. Je sors de 3 années sans concert.. Pas vivable. Du coup, m'y suis remis.
Quelles sont vos influences musicales ?
Elles sont plus textuelles qu'autre chose. Gainsbourg, Brassens, Leprest. Musicalement, j'adore le Jazz. Anachronique, disais-je ?..
Si je vous dis rêves vous me dites ?
Défi quotidien. Rien de plus difficile que de vouloir les réaliser. Faut de l'huile de coude et une énergie de tous les instants. Et moi, je suis plutôt flemmard et vite dépassé.
Jour ou nuit ?
Nuit. Définitivement. Ça ouvre des perspectives. Rarement envie de m'endormir.
Jacques Brel, Gainsbourg ou Nino Ferrer ?
Gainsbourg ! En admiration totale depuis mon plus jeune âge. Gainsbarre avant, Gainsbourg maintenant. Les débuts Jazzy étaient incroyable. Je trouve que c'est le plus sensible et humain des grands que l'on cite (Brel, Brassens, Ferré, Barbara..). Il est faillible, a fait des chefs d’œuvre autant que des bouses commerciales. Quand on voit que les textes les moins aboutis de Brassens sont déjà incroyables, vouloir lui arriver à la cheville est déjà peine perdue.
Une première partie de rêve serait celle de ….
Je ne sais pas.. De l'ordre du rêve, ce serait celle d'un mort.. Nougaro, ou Gainsbourg, justement..
Jo je vous offre un café en terrasse, on croise un artiste francophone hyper connu, ce serait qui cet artiste ?
Renaud. On lui proposerait un café, il rechignerait sans doute.. Et je passerai du temps à pleurer avec lui sa mort artistique. Après tout, plus de dix années qu'il est méconnaissable, et que ça me touche.
Vous dans 10 ans on en parle ou c’est pas envisageable ?
C'est tellement complexe.. Je me souhaite amoureux de la même perle avec laquelle j'ai écris un spectacle qui mêle chansons et théâtre. Et que celui-ci ai tant et tant cartonné qu'on en ait écrit d'autres !
Si vous n’étiez pas musicien vous seriez …
Je bosserais avec des mômes. Éducateur spécialisé, ou animateur, ou instituteur..
Ce que je peux vous souhaiter aujourd’hui pour demain
De me faire un peu plus confiance et de lâcher prise. Trop d’intellect tue la mise en mouvement.
Entre nous vous avez déjà oublié les paroles de vos titres sur scène ou pas ?
Oh, oui. Ça m'est déjà arrivé.. Ou d'inverser des couplets. L'avantage d'écrire des trucs compliqués, c'est que les gens ne se rendent pas compte des erreurs (rires).
Le bonheur il est où quand comment et avec qui ?
Ici, maintenant, avec ma gonzesse et mon fiston..
Jo Gilly j’ai été ravi de vous interviewer, je vous laisse le mot de la fin
Merci à vous d'être venue me chercher. Ce fut un plaisir de vous répondre. Au plaisir de vous parler de Concert..Ou Presque, que j'ai grandement envie de défendre. Je m'essaye au théâtre avec ce spectacle, et joue un parfait connard, imbus de lui-même.. Et ça me plaît ! Les chansons qui s'y trouvent sont de ma composition. Fiers que nous sommes avec ma partenaire de jeu, à la ville comme à la scène, d'avoir mis ce bébé au monde.
Au plaisir, donc.
Crédit photo : Julie Bascou. Montage de Camille Lebreton