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Instant Polar avec Nicolas Lebel

Bonjour Nicolas !

Bonjour, Stéfanie !

Comment allez-vous ?

Aujourd’hui, j’ai la pêche. Et « avec vous, j’ai la super pêche » !

 

Vous en 4 mots …

Rouquin tourbé single malt.

 

Parlez-nous de votre livre « Sans pitié ni remords »

    À l’inauguration du Musée du Quai Branly en 2006, on constate la disparition d’une statuette congolaise « le Gardien des Esprits » certainement dérobée pendant le transfert des collections du Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie (MAAO). Une enquête est ouverte, en vain. En 2016, un retraité, ancien employé du MAAO, est retrouvé pendu chez lui. Puis c’est une conservatrice de ce même musée, fermé depuis 2003, qui se jette par la fenêtre. Le capitaine Mehrlicht chargé de faire la lumière sur ces meurtres, se retrouve malgré lui sur les traces de sang du Gardien des Esprits, et découvrira bientôt, à mesure que s’empilent les cadavres, une machination bien plus menaçante, en forme de jeu de piste construit sur Les Fleurs du Mal…

 

Pourquoi écrire du polar ? Le livre à l’eau de rose, c’est pas votre tasse de thé, c’est ça ?

 

J’écris des polars parce que la conception de l’enquête en soi m’amuse beaucoup. Si je ne prenais pas de plaisir en écrivant et en construisant mes récits, je ferais autre chose. J’essaye aussi de répondre, comme mes enquêteurs, à des questions que je me pose sur nous, sur le monde et ses dysfonctionnements, de manière très partiale, souvent engagé, je le confesse. L’enquêteur est à sa manière un chroniqueur, un raconteur d’histoires, retraçant, devinant des faits qui ont eu lieu et dont il ignore a priori tout, pour comprendre/expliciter une histoire plus vaste. Cette mise en abîme dans l’écriture est très excitante.

Il y a par ailleurs une dimension tragique dans le noir et le polar, qui me fascine : elle réside dans ce tout ce qui précède ce moment de basculement, ce « passage à l’acte ». Quelles sont les forces qui nous amènent à devenir des assassins ?

 

Le livre qui vous a le plus marqué dans votre enfance …

 

Enfant ? Je dirais L’Affaire Caïus (lu vers mes 9 ans) J’hésiterais ensuite entre « Contes et nouvelles » de Maupassant et « Nouvelles Extraordinaires » de Poe (lus vers 12 ans, assez tôt pour que la sidération reste vivace aujourd’hui).

 

L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire …

 

Je crois que l'envie d'écrire vient d'une envie de dire mal canalisée, d’une impossibilité à dire… Et puis je suis un dessinateur médiocre. Alors c'est l'écriture qui s'est imposée !

 

L’écrivain ou l’élément qui vous inspire pour écrire des livres

 

Je n’ai pas de gourous en écriture, même si j’admire le travail de nombreux auteurs.

Tout est source d’inspiration dès lors que ça nous touche. Il peut s’agir de faits historiques, de faits divers, d’anecdotes entendues devant une bière…

 

Dans tous les livres que vous avez écrits, lequel selon vous est le plus réussi ? Celui dont vous êtes le plus fier ?

 

    Je les aime tous, évidemment. Mais j’ai l’arrogance de croire que je m’améliore à force de travail, alors le dernier en date est souvent mon préféré. Dans Sans Pitié ni remords, on suit un jeu de piste élaboré sur les poèmes des Fleurs du Mal de Baudelaire, recueil qui constitue l’une des clés de l’énigme. C’était l’occasion de travailler quelques techniques de cryptographie et de stéganographie, l’art de dissimuler un message dans un autre. Si de nombreux messages sont cachés dans les textes que reçoivent les enquêteurs, de nombreux messages sont aussi cachés dans le texte que lit le lecteur !

Et puis, Baudelaire ! L’occasion était trop belle : j’ai dissimulé dans la prose du roman des passages en alexandrins. Pour le roman que j’écris en ce moment, j’ai travaillé sur des heures d’archives audiovisuelles. Un travail énorme, mais très nouveau pour moi ! Une vraie aventure en immersion dans l’Irlande du Nord des années 1960-1970 !

 

La valeur sûre au niveau littéraire actuellement

 

J’aime l’écriture patiente et violente de Marcus Malte qui vient de recevoir le Prix Femina.

 

 

Le livre que vous avez détesté lire pendant votre adolescence …

 

L’Assommoir que je trouvais bien nommé à l’époque ( 14-15 ans). Un supplice ! Relu depuis, il s’est transmué en chef-d’œuvre… Un excellent roman social et noir lut trop tôt.

 

Le syndrôme de la page blanche, ça vous parle ou pas spécialement ?

 

Jamais. Il n’y a pas de muse capricieuse qui enverrait ou pas les idées aux auteurs. Il y a le travail ! C’est moins glamour que l’inspiration comme conception de l’écriture, c’est vrai. La difficulté n’est pas d’écrire, mais de finir ! Il faut avancer page après page, contre vents et marées, vers la fin. Le roman n’existera que lorsqu’il sera fini ! Certes, on préfère souvent aller au pub avec les potes, regarder un épisode de The Walking Dead ou même faire le ménage ! Dans une interview, Anne Sylvestre expliquait qu’elle ne faisait jamais autant de repassage que quand elle écrivait un nouvel album de chansons ! Tout plutôt que de se mettre à sa table de travail, même le repassage !

Il faut donc parfois se forcer. Et une fois qu’on est parvenu à la fin, que la charpente est là, on peut réécrire, corriger, étoffer, couper, déplacer… Un autre travail commence.

L’écrivain que vous rêvez de rencontrer

William Shakespeare ! C’est un rêve alors je peux choisir un mort. Le génie littéraire absolu ! (s’il y a bien eu un auteur de ce nom et s’il est bien l’unique auteur de cette œuvre immense.)

 

Michel Bussi, Harlan Coben, ou Marcel Pagnol ?

 

 J’ai rencontré Michel Bussi et ai pu lui dire tout le bien que je pensais de son Nymphéas Noirs.

Harlan Coben… Je ne sais pas trop ce qu’on pourrait se dire, mais sa villa doit être sympa, alors si c’est chez lui, pourquoi pas ? J’apporterais un maillot de bain.

Marcel Pagnol, s’il reste du Pastis…

 

Si je vous dis : « lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une ligne noire, puis on imagine des mondes », vous me dites ?

 

Changez de lunettes. Si vous ne voyez que des lignes noires quand vous ouvrez un livre, je soupçonne une méchante presbytie.

Plus sérieusement, et pour ne pas froisser Orsenna, les meilleurs bouquins nous entraînent dans des univers dont on ne veut pas revenir, évidemment. Je me souviens du Pendule de Foucault d’Umberto Eco que je lisais en cachette, dans ma guérite, de nuit, à l’armée ! Impossible de le lâcher ! Je ne voulais pas retourner dans ma guérite !

 

Si vous n’étiez pas écrivain vous seriez …

Dompteur de fauves ou enseignant. Un boulot dangereux et sous-payé, avec un fouet, quoi…

 

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je ne sais pas, mais le 29, c’est mon anniversaire. J’attends vos cadeaux par milliers.

 

Merci beaucoup Nicolas d’avoir répondu à mes questions et belle continuation littéraire.

 

Merci à vous, Stéfanie !

Crédit photo : Chris Lebel 

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