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Histoire, voyage, littérature et Corée avec Elisa Shua Dusapin

Bonjour Elisa comment allez-vous ?

 

Bonjour, je vais plutôt bien en ce moment, merci. La parution de mon premier roman est une véritable plongée dans l’inconnu, exaltante et épuisante à la fois.

 

Vous en 4 mots …

 

Je suis tétanisée à l’idée de devoir me résumer.

 

Parlez-nous de votre livre Hiver à Sokcho ?

 

C’est un roman qui parle d’identités multiples, d’impossible rencontre. Le point de départ, une réflexion sur l’acte de créer. L’envie d’écrire un texte sur le rapport au corps, à son image, ses représentations. Ecrire une fiction, dans un lieu qui serait le pouls de l’histoire, un lieu vide alors qu’il devrait être plein de vie : Sokcho était parfaite. Tendre un fil entre ma France et ma Corée. La métaphore du trait me semblait idéale : un trait de dessin, un trait de visage, un trait sur la carte du monde, le trait comme une frontière qui sépare, ou un pont qui relie.

 

Ecrire est un besoin, une envie ou une passion dévorante ?

 

C’est peut-être une forme de pulsion. Quelque chose qui me dépasse, un besoin qui doit être assouvi, sous peine de sérieuses crises d’angoisse.

 

Si je vous dit voyage vous me dites ?

 

W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec.

 

Le livre qui vous a le plus marquée dans votre enfance

 

Il y en a tellement ! En choisir un serait une infidélité à tous les autres…

 

L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire

 

Je ne crois pas qu’il y ait eu un élément déclencheur à un moment donné. Seulement des questions, des émotions qui s’accumulent jusqu’au sentiment d’urgence de les transformer en histoires. Chaque instant est fertile.

 

L’écrivain ou l’élément qui vous inspire pour écrire des livres.

 

Là non plus, je n’arrive pas à choisir (je vous dévoile, au passage, un sérieux handicap dans mon quotidien). Tout dépend des étapes de ma vie, de ma formation… S’il devait y avoir une constante, je dirais peut-être : silence et solitude. Ce n’est pas à proprement parler une source d’inspiration, mais je suis fascinée par les écrivains qui arrivent à exprimer entre les mots ce que les mots, justement, ne savent pas dire. Une quête que je m’efforce de mener dans mon propre travail.

 

Est-ce qu’il y a eu à un moment donné, des doutes, une envie de tout arrêter ou pas ?

 

J’ai toujours des doutes. Toujours envie d’arrêter. C’est très mystérieux, cette force qui vous pousse à continuer, encore et encore.

 

La valeur sûre au niveau littéraire actuellement.

 

Qu’est-ce qu’une « valeur sûre » ?

 

Le livre que vous avez détesté lire pendant votre adolescence.

 

L’insoutenable légèreté de l’être, pour ses considérations philosophiques qui me semblaient, alors, terriblement pertinentes.

 

L’écrivain que vous rêvez de rencontrer.

 

Baudelaire, mon premier amour.

 

Michel Bussi, Harlan Coben, ou Marcel Pagnol ?

 

Des trois, je n’ai lu que Pagnol, alors…

 

Si je vous dit : « Lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une ligne noire, puis on imagine des mondes », vous me dites ?

 

Qu’il serait triste, l’horizon qui ne laisserait voir qu’une ligne noire de prime abord ! Heureusement que ça n’existe pas : un paysage nous apparaît toujours par tout ce qu’il y a autour, l’odeur, la texture de l’air, et puis, le fantasme en amont…

 

Que lisez-vous en ce moment ?

 

Un marin chilien d’Agnès-Mathieu Daudé, Les Caractères de la Bruyère, La télévision de Jean-Philippe Toussaint, Repose-toi sur moi de Serge Joncour, Louis Soutter, probablement de Michel Layaz… J’ai toujours plein de livres ouverts.

 

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

 

De garder toujours espoir en la littérature, en sa nécessité.

 

Merci beaucoup Elisa d’avoir répondu à mes questions et belle continuation littéraire.

belle journée à vous aussi

Crédit photo : Romain Guélat

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