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Escale littéraire avec Frédéric Vallotton

 

Bonjour Frédéric comment ça va ?

 

Bien merci et vous ?

 

Parlez-nous de votre livre, pourquoi ce titre « escales » ?

 

Le titre, tout une histoire ! Le premier titre était provisoire, il s’agissait du « Cahier vert » parce que le cahier du manuscrit (payé par mon homme !) était pourvu d’une couverture en moleskine menthe, l’objet avait été acheté avec des lames de rasoir, une tasse à thé et des biscuits dans une supérette du port de Tallinn. Puis j’ai nommé mon texte « Croisière », ce qui ne colle pas tout à fait à son contenu. Avec Olivier et Aurore, on a aussi évoqué la possibilité de nommer le texte « Pérégrinations » puis, finalement, « Escales » s’est imposé comme une évidence.

 

Est-ce l’écriture qui est venue vers vous ou est-ce l’inverse ?

 

Pour ce texte, comme souvent, tout particulièrement en matière d’autofiction, ce fut un appel, irrépressible, une envie … un besoin impérieux, bref, une nécessité. J’ai senti qu’il fallait attraper l’instant pour mieux le rendre, comme un croquis, à vif, ou une « fresque », réalisée à l’atelier peu après. En général, j’ai une idée, une impression encore floue, comme un message que je décode au fur et à mesure que j’avance dans le texte.

 

Le premier livre que vous ayez lu …

Ah ! Entièrement, tout seul, tout seul, sans être forcé par l’école obligatoire et les goûts affligeants du corps enseignant auprès de gamins de 7 à 12 ans, il s’agissait d’un roman totalement « branque », « La Tante de Frankenstein » de je ne sais plus trop qui, et en plus, j’ai perdu mon exemplaire. L’histoire était comique et attachante. La tante du scientifique fou vient reprendre possession des ruines du château et essaie de remettre de l’ordre ainsi qu’arranger les affaires de son neveu avec les villageois. Evidemment, elle se retrouve flanquée du monstre, qui en fait est une personne des plus délicates.

 

L’endroit idéal pour se mettre à écrire …

 

Hasir, à la Maassenstrasse, Berlin, entre la soupe de lentilles et le künefe (c’est un restaurant turc), Le Bério, dans la même rue, chez Wyers, sur la terrasse (Berlin de même), dans les parcs, dans le train, en voiture silence sur la ligne Genève – St-Gall ou Genève – Bâle, au Cercle Littéraire, dans le salon rouge plus particulièrement, parfois dans le salon d’été, à la maison (il y a la vue sur le lac).

 

Si je vous dit voyage vous me dites ?

 

Berlin, Barcelone, Copenhague, Francfort, Münich, Constance, Milan, Warnemünde, Varsovie, et Paris, aussi, un peu, plutôt Bordeau, Montpellier, Toulouse, nettement plus rarement New York, Saint-Pétersbourg une deuxième fois à venir mais surtout la possibilité de pouvoir tâter de la vraie vie des vrais gens dans ces villes, ne pas faire « touriste en goguette ».

 

L’auteur le plus en vogue, le plus talentueux selon vous c’est qui ?

Aïe, le plus en vogue, je n’ai pas trop d’idée … J’aime beaucoup ce que font mes petits camardes : André Ourednik, Stéphane Bovon, Joël Espi, Pierre Fankhauser, Casimir Admonk, Florian Eglin, Quentin Mouron, Pierre-Yves Lador, Freudiger, et tous ceux que j’oublie, là, à l’instant et qui vont m’en vouloir terriblement. Pour le talent, ils ont tous encore du travail, et moi aussi, afin d’arriver ne serait-ce qu’à la cheville de Julien Green, François Mauriac, Mann (Thomas, Heinrich et Klaus, et Golo) ou Robert Musil.

 

Les premiers fans de Frédéric Vallotton sont :

Euhhhh, c’est un concours ? On gagne quoi ? J’ai droit à un joker ? ou un appel à un ami ?

 

Ce qui vous inspire pour l’écriture d’un livre

 

Comme dit plus haut, témoigner du moment, de l’instant. J’ai l’orgueil de croire que je travaille à une œuvre, mon œuvre, j’écris toujours dans l’idée que mes textes seront lus dans deux, trois, quatre cents ans et je veux laisser une peinture exacte de l’époque, trouver les couleurs justes. On n’a pas fait mieux que Montaigne ou Flaubert, ou Musil, qu’il y ait une trame romanesque ou non, la littérature permet de comprendre le monde et l’homme, elle allume une balise dans le temps passé.

 

Le meilleur livre de tout les temps est signé ?

 

Julien Green, et il s’intitule « Chaque Homme dans sa nuit »

 

En ce moment vous lisez quoi ?

 

Sándor Márai, « Mémoires de Hongrie », un texte élégant, drôle par instant, universel par ses thèmes et très éclairant pour comprendre la Hongrie d’aujourd’hui.

 

Si je vous dis évasion vous me répondez …

 

Ne plus être tenu par des horaires et, enfin, pouvoir sortir de chez soi à 16h, comme les hommes de qualité.

 

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

 

Du succès pour « Escales » et pour mon éditeur et un éditeur allemand pour l’excellente traduction de «Tous les Etats de la Mélancolie bourgeoise », un petit essai paru il y a trois ans chez Hélice Hélas.

 

Frédéric Vallotton, je vous remercie beaucoup pour cette interview et je vous souhaite plein de belles choses pour votre avenir littéraire.

Crédit photo : Frédéric Vallotton 

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