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Entretien avec Olivier Bal

Bonjour Olivier comment allez-vous ?

 Racontez-moi comment est né ce thriller, l’inspiration, la création des personnages, l’intrigue.

Voilà des années que je m’intéresse à la thématique des sectes, les mécanismes d’endoctrinement, l’emprise. J’avais très envie d’écrire un livre qui plongerait le lecteur au coeur d’un groupe spirituel… dans lequel lui-même perdrait un peu pied. Car, plus je me documentais pour préparer Méfiez-vous des anges, plus j’ai réalisé que n’importe qui pouvait tomber sous le joug d’une secte. Il n’y a pas de victime-type. On peut tous se faire piéger… La secte, en réalité, s’adapte à celle ou celui que vous êtes, va chercher dans vos fêlures, vos blessures, des points d’ancrage pour vous fragiliser. C’est le coeur du roman…

De tous les livres que vous avez écrits lequel est le plus abouti, celui dont vous êtes le plus fier ?

Question impossible. Très honnêtement, j’aime tous mes livres. Chacun, à sa manière, a une importance pour moi. Dans ses personnages, ce qu’il raconte, les thématiques abordées… Quand je me lance dans un projet, je sais que je vais passer un an et demi à travailler dessus, il faut vraiment que je sois passionné, habité par le sujet…

Le syndrome de la page blanche on connaît ou pas ?

À ma petite échelle, pas trop. Des idées de roman, j’en ai quelques-unes en réserve. Par contre, il arrive fréquemment que, durant l’écriture, je bute sur un passage, qu’un engrenage se grippe dans la mécanique du roman. Ça peut parfois prendre du temps avant de solutionner le problème. Mais c’est aussi cela le charme de l’écriture, trouver des détours, des raccourcis, pour arriver à ses fins.

Est-ce qu’un jour dans votre carrière vous vous êtes dit : « j’arrête tout je me reconverti j’exerce un autre métier » ? Ou pas ?

Non, j’ai déjà tout lâché il y a cinq ans, alors que j’étais journaliste, pour me lancer à fond dans l’écriture. Ce grand saut dans le vide, je l’ai déjà fait et j’en suis très heureux. Je vis mon rêve, je ne peux pas m’en plaindre !

Pourquoi doit-on se méfier des anges ?

Le roman parle des sectes. Mais aussi de notre rapport à la foi. Ici, je m’intéresse à ces vendeurs de chimères, ces groupes qui vous promettent monts et merveilles, une nouvelle vie, un nouvel équilibre, de soigner nos maux et nos blessures… Mais il faut se méfier des anges. Car il y a toujours un prix à payer. À partir du moment où on croit, où on pose à genou à terre, qu’on se prosterne, devant un groupe religieux, politique, n’est-on pas déjà en position de faiblesse ?

Vous dans la peau d’un auteur de livres romantiques à l’eau de rose c’est possible ou pas ?

Il ne faut jamais dire jamais, mais ce n’est pas mon genre de prédilection. Il y a, je l’espère, une belle histoire d’amour dans Méfiez-vous des anges, mais je ne me verrais pas écrire un livre romantique. Ce que j’aime avec le polar, c’est qu’il me permet de plonger dans les zones troubles de l’humain, de m’intéresser à des personnages cabossés, à des moments où des destins vrillent. En creusant ainsi dans les ténèbres de ce que nous sommes, je pense que j’en apprends beaucoup sur moi et mes semblables. Et je tente d’en ramener un peu de lumière.

Question naïve mais j’assume, c’est le thriller qui est venu à vous ou c’est l’inverse ?

Je crois que j’ai toujours été attiré par les histoires ténébreuses. Mes premiers amours en lecture, comme en cinéma, tendaient vers des univers sombres. Stephen King, Lovecraft, Edgar Allan Poe… John Carpenter, Steven Spielberg, Wes Craven… J’aimais le cinéma et la littérature de genre car ces oeuvres nous amènent à voir le monde sous un prisme différent. Quand le réel se fissure, l’humain est confronté à lui-même. Souvent, dans ces films, ces romans, la pire menace n’est pas le monstre tapi dans l’ombre, mais l’humain face à lui-même. Et, finalement, avec les thrillers, en tissant des histoires tendues, où les personnages sont poussés dans leurs retranchements, je poursuis la même réflexion. Nous sommes notre pire ennemi.

Quelles sont vos influences nationales ou internationales dans le monde du thriller ?

J’ai été très marqué par les auteurs de polars américains : James Ellroy, James Lee Burke, Edward Bunker, plus récemment Dennis Lehane, Donald Ray Pollock ou Don Winslow. Des personnages complexes, ambigus, une écriture ciselée, qui va à l’essentiel, dans laquelle je me retrouve. En France, sans faire de flagornerie, on a la chance de vivre un âge d’or du polar. Depuis une dizaine d’années, il y a énormément d’auteurs hyper talentueux qui arrivent, chacun avec son univers, sa patte, sa sensibilité : Olivier Norek, Claire Favan, Sandrine Destombes, Nicolas Lebel, Alexis Laipsker, Henri Loevenbruck, Niko Tackian, Sonja Delzongle, Mathieu Lecerf, Dominique Maisons… ce sont, évidemment, des copains, mais aussi et surtout des auteurs formidables ! Et, tenant la barre du grand navire du polar français, on trouve les maîtres, comme Franck Thilliez, Bernard Minier, Maxime Chattam, qui sont très inspirants car, malgré leur succès, ils se forcent à sans cesse se réinventer.

Être sous les feux des projecteurs ou être soi tout simplement ?

Là, pour le coup, sans hésitation, être soi, simplement ! Quand on est auteur, on aime évidemment les rencontres avec les lecteurs, pouvoir échanger, sentir que des personnes ont été emportées, touchées par vos histoires, mais on aime aussi retrouver notre anonymat… Car, après tout, les vraies stars, ce sont nos romans, nos personnages.

Le premier thriller que vous ayez lu, vous vous en souvenez ?

Le premier thriller, je ne sais pas… mais je peux vous parler de deux thrillers qui m’ont marqué et a compté pour moi. Il s’agit du Vol des Cigognes de Jean-Christophe Grangé et Vertiges de Franck Thilliez. Deux romans très différents, mais qui, justement, alors que je commençais à avoir cette envie de me lancer dans l’écriture de romans m’ont, je pense, aidé, à gagner en confiance, à me dire, « c’est possible ». Deux auteurs français qui prouvaient qu’on pouvait écrire des thrillers sans avoir à rougir des romanciers anglo-saxons. C’était nouveau, ciselé, percutant, hyper documenté. Bref, comme tous les auteurs de thrillers aujourd’hui, je ne serais pas là sans Chattam, Grangé, Thilliez et les quelques autres précurseurs du thriller français.

Ecrire à 4 mains ça se tente ou pas du tout ?

Pourquoi pas, si un projet s’y prête ! Mais pas nécessairement sous forme de roman. Peut-être plutôt du côté des séries ou d’un film. Au quotidien, je bosse seul, un peu enfermé dans ma tour d’ivoire. Parfois, l’émulation de groupe, me manque un peu... Travailler avec d’autres, confronter ses idées, en voir émerger d’autres par l’échange…

Le prochain thriller, il sera sur quel sujet ?

Il est encore tôt pour en parler. Mais il s’agira d’un roman indépendant, qui délaissera les États-Unis et offrira une nouvelle aventure, de nouveaux personnages, plus près de chez nous… un projet qui me tient à coeur, auquel je pense depuis des années.

Dernière question à vous poser : On se donne rendez-vous dans 20 ans avec un thriller hyper passionnant comme vous savez si bien le faire ?

Dans 20 ans ? J’espère bien ! C’est assez difficile de se projeter aussi loin. D’imaginer toutes les histoires que j’aurais pu écrire d’ici là. Il va m’en falloir des idées ! Mais j’espère que l’inspiration sera toujours là et les lecteurs au rendez-vous…

Un grand merci Olivier pour cette interview et belle continuation littéraire.

 

 

 

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