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Critique littéraire du livre Cosmos ( Michel Onfray)

Cela fait déjà quelques mois que ce livre est disponible dans les librairies, quelques mois en effet que pour beaucoup de gens, ce livre a soit changé la vision du monde, soit déchaîné des passions.

Dans son dernier ouvrage, le philosophe Michel Onfray nous offre une perspective nouvelle de la vie. Abordant une pléthore de sujets qui lui sont chers, tels que l’art, la nature, dieu, les religions, la poésie, l’astrophysique, le traitement des animaux, la philosophie gitane etc… il nous embarque dans une aventure intellectuelle trépidante.

Prenons par exemple un aspect du livre, ce qu’il appelle le ‘mythe judéo-chrétien’ qui, selon lui, a formaté les esprits de millions de gens depuis 2000 ans et a ainsi impacté, compressé les sujets énoncés ci-dessus pour les adapter aux dogmes religieux. En somme, en ne voyant plus le monde tel qui l’est mais à travers un livre saint, l’homme se fait du mal à lui-même, à l’environnement et aux animaux qui l’entourent.

En ce 21ème siècle où l’importance de la religion semble s’amoindrir d’année en année dans nos pays occidentaux, ce livre veut nous faire croire que la pratique religieuse bien que de plus en plus effacée, l’idéologie sainte, quant à elle, influence toujours autant nos lois et nos mœurs. Dieu ayant fait l’homme à son image (tel qu’il est écrit dans la bible) il autorise l’homme, supérieur aux autres espèces vivantes à utiliser, voire à abuser des ressources animales et végétales à souhait. On sait le nombre ahurissant d’animaux, poussins, poules et bœufs qui sont égorgés chaque année dans notre pays pour satisfaire nos besoins alimentaires ou vestimentaires, cette boucherie perpétuelle prendrait-elle source dans la bible ? Si nous avions toujours des mœurs païennes (comme aux temps pré-religieux) où les divinités seraient naturelles, terrestres ou saisonnières en serait-il de même ? L’auteur le pense.

Cependant, quelques critiques pourraient être émises à l’encontre de cette thèse. L’homme depuis des milliers d’années consomme de la viande et l’abattage de masse des animaux n’est peut-être que le fruit (ou la faute) de l’évolution démographique humaine et non de la religion. D’ailleurs, cette même religion peut être vue autrement, elle n’est pas seulement dévastatrice comme peut le laisser entendre cet ouvrage, elle peut aussi être source de réconfort et d’apaisement individuel, beaucoup de gens lorsqu’ils sont dans des situations difficiles se tournent vers cette dernière qui parfois les sauve.

Au premier abord, l’auteur peut apparaître comme étant un acharné extrémiste anticlérical, incisif envers ce qui constitue les fondements de notre civilisation. On se rend vite compte que son objectif est d’établir une transition vers une ère post-religieuse, et qu’évidemment pour parvenir à cela il faut déconstruire ce qu’il pense être faux. En somme, Michel Onfray prêche pour sa paroisse.

Bien que la critique de la religion soit souvent présente dans le livre, d’autres sujets moins sulfureux sont abordés. La poésie par exemple, les quelques haïkus que l’auteur chérit et partage apporte de la légèreté au tout. Ainsi, on en apprend sur l’histoire de cette forme de poésie, ces racines japonaises et que malgré l’apparente simplicité littérale de ce type de poème on se rend compte qu’au sens figuré ils sont plus profonds qu’ils n’y paraissent.

Que l’on soit d’accord ou non avec l’auteur, on sent qu’il a écrit ce livre avec ces tripes. Il se dégage de cet ouvrage une honnêteté intellectuelle rare et une défiance vis-à-vis de l’opinion de beaucoup de gens, ce qui le rend respectable quoiqu’on pense de ces idées religieuses, artistiques etc... Aussi, le fait qu’il englobe autant de sujets le rend très personnel. En toute franchise, Michel Onfray le considère comme étant son <<premier livre>>.

Tout le monde devrait être invité à lire cet ouvrage rafraîchissant, apaisant souvent, apeurant parfois mais surtout incitant à la réflexion sur ce que nous sommes, ce que nous faisons et l’éphémérité de notre présence sur Terre.

Note : 8/10

Benjamin Réti.

Source de la photo :http://salon-litteraire.com/fr/la-selection/content/1928216-michel-onfray-extrait-de-cosmos

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