Agnus Dei le nouvel ouvrage de Julien Sansonnens
Bonjour Julien, comment allez-vous depuis notre dernière rencontre ?
Bonjour Stéfanie, si j’ai bonne mémoire, notre dernière rencontre remonte à la fin de l’année 2016, cela fait tout de même sept années. A l’époque je sortais mon premier (et seul, à ce jour) polar, « Les ordres de grandeur ». Fondamentalement, je ne pense pas avoir beaucoup changé même si la vie nous transforme imperceptiblement. Je n’habite plus au même endroit, j’ai moins de cheveux sur le crâne, je n’exerce plus le même emploi et je continue mon chemin littéraire, à ma manière.
Parlez-nous de votre cinquième roman, comment est-il né, son histoire etc.
« Agnus Dei » fait remonter à la surface une vieille affaire de mœurs qui s’est déroulée dans la campagne fribourgeoise des années trente. C’est le genre d’affaire qui a fait assez peu de bruit à l’époque et déclencherait aujourd’hui un important battage médiatique. Je ne vais pas vous raconter l’histoire évidemment, pour laisser le plaisir de la découverte à vos lecteurs ; je peux seulement vous dire que c’est mon éditeur, Michel Moret, qui m’a soufflé cette idée. Après avoir publié « L’enfant aux étoiles », consacré à l’affaire de l’Ordre du Temple solaire, il m’a raconté cette histoire, presque une légende, et m’a suggéré d’en faire un livre. Je ne l’ai pas fait tout de suite, il a fallu quatre ou cinq ans pour que ça murisse dans un coin de ma tête. J’avais d’autres idées, d’autres projets, mais cette histoire trottait toujours quelque part.
Avec tous les livres que vous avez écrit, lequel est le plus abouti le plus perso ?
Je n’en ai pas écrit tant que cela. Je pourrais vous dire qu’ « Agnus Dei » est le meilleur, mais vous y verriez juste une tentative de mieux le vendre ! Le premier livre publié est peut-être celui qui procure les émotions les plus fortes ; c’est rarement le meilleur. Parmi mes livres, j’aime particulièrement « Quatre années du chien Beluga », qui est passé totalement inaperçu. Ce qui m’importe, c’est qu’il existe une cohérence entre tous ces ouvrages, pourtant assez différents.
Agnus Dei en 3 mots ça donnerait quoi ?
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Qui ou qu’est-ce qui vous inspire pour l’écriture des livres ?
C’est très banal, mais ce sont souvent des scènes de ma propre vie, que je transforme et adapte au contexte du livre. Cela peut aussi être des éléments racontés, des musiques ou des phrases qui font partie de l’imaginaire collectif. Et puis, comme dans le cas d’ « Agnus Dei » ou de « L’enfant aux étoiles », ce sont des faits réels dramatiques. J’ai mes obsessions, mes fantômes qui ma hantent : certains symboles, certaines scènes : le feu, l’idée du sacrifice, le pêché. J’essaie de parler de ce que vivre signifie : l’expérience humaine est ce qui fonde la littérature.
Comment est venue l’inspiration pour Agnus Dei ?
Comme je l’ai dit, par mon éditeur. Pour le reste, je me suis un peu renseigné sur l’affaire par la presse de l’époque, mais on trouve extrêmement peu d’informations.
Quelles sont vos influences littéraires ?
Plutôt que de parler d’auteurs, je pourrais vous parler d’écoles, de cultures ou de maisons d’éditions. J’aime beaucoup, par exemple, les Editions de Minuit, qui publient une certaine sensibilité littéraire mal définissable mais pourtant réelle. Il y a aussi des auteurs fondamentaux en littérature américaine : John Kennedy Toole, Paul Auster, Bret Easton Ellis ou encore Raymond Carver, dans des styles très différents.
Pourquoi écrivez-vous ?
Grande question, et je ne trouve toujours pas de réponse définitive. Mais je suis seulement certain que l’écriture a maille à partir avec la mort, et que ces deux-là entretiennent une étrange relation. Il y a sans doute un certain orgueil à écrire pour laisser quelque chose de soi. Souvent en écrivant, je pense à ma fille qui me lira plus tard, quand elle sera plus grande : pour l’instant, elle lit surtout Max et Lili.
Sans la littérature la vie serait … ?
Un peu plus vaine.
Quels sont vos futurs projets littéraires ?
Je travaille actuellement à un roman qui m’a été commandé, avec une contrainte liée à un lieu géographique. Je n’ai pas vraiment l’habitude de travailler avec une contrainte, même si celle-ci est légère : c’est un nouvel exercice. Et par un effet paradoxal intéressant, la contrainte tend à libérer le travail créatif. Hélas le temps manque et le travail n’avance pas aussi vite que je le voudrais.
Julien Sansonnens en 3 mots … ?
« Ora et Labora »
Je vous laisse le mot de la fin
Merci Stéfanie pour votre travail précieux de découverte et de transmission de la littérature romande contemporaine.
Merci beaucoup et belle continuation littéraire